Les Cinémas Sacrifiés
Essayons de tenir bon et continuons d'aller voir des films en salle malgré la 5e vague et la 3e dose. Rien n'est fait pour nous faire décoller des plateformes et donc des canapés en ce moment. Il y a bien Hanabi qui contre vents et marées continue à promouvoir le cinéma japonais de manière classieuse et déterminée. Même, si c'est ce côté un peu trop intello que l'on peut reprocher à la démarche. En effet, si les Tuches et autres Taxis, s'exportent et montrent un cinéma populaire français au reste du monde, on aimerait aussi découvrir un peu plus en salle hexagonale du cinéma populaire japonais. Peut-être pas vendeur, se disent les producteurs mondiaux, avec un brin de ...isme (cynisme, racisme, ...), mais tellement à l'opposé des paillettes des festivals de Cannes, Venise ou Berlin. D'autant qu'une récompense à l'un d'eux et autres subventions de pays européens ne garantissent même pas une sortie rapide et en grand nombre chez nous. C'est une fois de plus le cas avec ce Spy no Tsuma, de l'excellent Kurosawa Kiyoshi (l'autre, donc) sortie initialement en 2020, obtenant un prix à la Mostra de Venise et atterrissant dans nos salles d'arts et essai, 1 ans et demi (et une pandémie) après.
Et pourtant l'éternnel abonné au festival européen n'est pas seul à l'œuvre dans son tout premier film historique. Le réalisateur de Shokuzai et de bien d'autres chefs-d'œuvre à la psychologie torturée, quand elle n'est pas tout simplement baignée d'horreurs, s'est entouré de Hamaguchi Ryusuke au scénario. Le réalisateur de Senses ou d'Asako qui à lui aussi la hype en ce moment dans les festivals mondiaux. Cette association ne peut susciter au pire qu'un intérêt pour l'objet, mais au mieux des attentes de Fans qu'il ne faudra absolument pas trahir !
Car rien de pire que d'être trahi par les gents qu'on aime. C'est un peu le fil conducteur de cette fresque historique ce passant de la guerre de Mandchourie à la deuxième guerre mondiale. Si les décors, accessoires et costumes sont clairement réalistes, on pourra être un peu déçu de l'unité de temps et de lieu (Kobé -1942). En survolant le scénario, on pouvait s'attendre justement à quelques voyages en terre d'occupation de l'armée japonaise et une chronologie beaucoup plus longue.
Ceci dit, l'œuvre remplit son rôle premier de devoir de mémoire. Flamme qu'il faut entretenir et conscience qu'il faut éveiller notamment au Japon, mais pas que, et pas seulement pour les jeunes générations (Zemour, si tu me lis). L'intrigue surpasse parfois le pouvoir des images, même si les reconstitutions de films pelliculaires d'époque peuvent glacer par leur simplicité et leur non-dit. Une intrigue baignée d'espionnage (ou pas), car le scénario nous retourne sans cesse dans nos convictions avec cette mise en scène qui prolonge cette mise en abyme. Un film sur des personnages eux même passionnés par le cinéma, car ils en ont les moyens et qui nous plonge à la place de spectateurs de l'époque.
Je parle bien de la population japonaise qui feint de ne pas savoir ce qui se passe là-bas, ne veut pas savoir, ne veut pas faire de vague, interprétez ça comme vous voulez. La même chose, s'est évidemment passé en Europe et les États-Unis n'ont pas eu de comportement plus glorieux avant l'attaque de Pearl Harbor. Mais le questionnement des héros, mais également des rôles secondaires qui ne veulent pas prendre parties ou justement faire allégeance au Parti en place, à la nation donc, raisonne dans un vacarme assourdissant, avec les relents écœurants de Nationalisme en Europe (et ailleurs). Les revirements de consciences incessants nous montrent que rien n'est tout blanc ou tout noir et surtout que rien n'est acquis.
Cette impression d'être baladé, est renforcée par des acteurs au jeu parfais.
Aoi Yu évidemment, crevant l'écran dans son rôle principal. Mais les rôles masculins sont égalemetn à la hauteur avec un Takahashi Issei toujours capable de prendre 2 visages dans la même œuvre, inquiétant et attirant. Traits de caractère que l'autre rôle fort Higashide Masahiro avait rondement joué dans Asako. On revient ainsi à ce débordement de clin d'œil avec la présence d'un acteur fétiche de Hamaguchi Ryusuke dont l'écriture transparait à chaque ligne de dialogue.
Ses dialogues qui renforcent encore le malaise des situations, ses retournements de situations qui troublent les esprits. NOS esprits jusqu'à nous donner mal au cœur. Et c'est bien le but rechercher. Retranscrire le trouble d'une époque à travers un couple qui certes, appartient à la bourgeoise très occidentalisée d'un Japon à peine sortie du féodalisme, mais qui pourrait appartenir à la classe moyenne d'aujourd'hui. Cette majorité silencieuse Quel que soit le pays, qui ne cherche pas à faire de vague, regarde sans broncher des heures d'images terribles du monde entier en espérant juste que cela n'arrive pas chez eux.
Un film donc indispensable, magnifique, un peu court malheureusement. Une fresque qui aurait pu s'étaler sur un drama de plusieurs épisodes, car beaucoup de personnages secondaires auraient pu être développés et le dénouement en aurait été que plus fort. Avec tant de qualités, l'œuvre par sa courte durée n'échappe pas à quelques maladresses de mise en scène. À cette unique caisse dans la cale qui peut faire sourire, ce jeu d'échec trop évident ou cette Gestapo locale qui ne pense même pas à fouiller les personnes surveillées lors d'une visite. On aura un peu de romantisme, mais ce n'est vraiment pas le propos principal, contrairement à ce que Hanabi cherche à faire croire dans ses promotions et avec un titre aussi subtil que "les amants sacrifiés". L'amour du prochain, certes, mais pas celui que l'on croit.
Et pourtant l'éternnel abonné au festival européen n'est pas seul à l'œuvre dans son tout premier film historique. Le réalisateur de Shokuzai et de bien d'autres chefs-d'œuvre à la psychologie torturée, quand elle n'est pas tout simplement baignée d'horreurs, s'est entouré de Hamaguchi Ryusuke au scénario. Le réalisateur de Senses ou d'Asako qui à lui aussi la hype en ce moment dans les festivals mondiaux. Cette association ne peut susciter au pire qu'un intérêt pour l'objet, mais au mieux des attentes de Fans qu'il ne faudra absolument pas trahir !
Car rien de pire que d'être trahi par les gents qu'on aime. C'est un peu le fil conducteur de cette fresque historique ce passant de la guerre de Mandchourie à la deuxième guerre mondiale. Si les décors, accessoires et costumes sont clairement réalistes, on pourra être un peu déçu de l'unité de temps et de lieu (Kobé -1942). En survolant le scénario, on pouvait s'attendre justement à quelques voyages en terre d'occupation de l'armée japonaise et une chronologie beaucoup plus longue.
Ceci dit, l'œuvre remplit son rôle premier de devoir de mémoire. Flamme qu'il faut entretenir et conscience qu'il faut éveiller notamment au Japon, mais pas que, et pas seulement pour les jeunes générations (Zemour, si tu me lis). L'intrigue surpasse parfois le pouvoir des images, même si les reconstitutions de films pelliculaires d'époque peuvent glacer par leur simplicité et leur non-dit. Une intrigue baignée d'espionnage (ou pas), car le scénario nous retourne sans cesse dans nos convictions avec cette mise en scène qui prolonge cette mise en abyme. Un film sur des personnages eux même passionnés par le cinéma, car ils en ont les moyens et qui nous plonge à la place de spectateurs de l'époque.
Je parle bien de la population japonaise qui feint de ne pas savoir ce qui se passe là-bas, ne veut pas savoir, ne veut pas faire de vague, interprétez ça comme vous voulez. La même chose, s'est évidemment passé en Europe et les États-Unis n'ont pas eu de comportement plus glorieux avant l'attaque de Pearl Harbor. Mais le questionnement des héros, mais également des rôles secondaires qui ne veulent pas prendre parties ou justement faire allégeance au Parti en place, à la nation donc, raisonne dans un vacarme assourdissant, avec les relents écœurants de Nationalisme en Europe (et ailleurs). Les revirements de consciences incessants nous montrent que rien n'est tout blanc ou tout noir et surtout que rien n'est acquis.
Cette impression d'être baladé, est renforcée par des acteurs au jeu parfais.
Aoi Yu évidemment, crevant l'écran dans son rôle principal. Mais les rôles masculins sont égalemetn à la hauteur avec un Takahashi Issei toujours capable de prendre 2 visages dans la même œuvre, inquiétant et attirant. Traits de caractère que l'autre rôle fort Higashide Masahiro avait rondement joué dans Asako. On revient ainsi à ce débordement de clin d'œil avec la présence d'un acteur fétiche de Hamaguchi Ryusuke dont l'écriture transparait à chaque ligne de dialogue.
Ses dialogues qui renforcent encore le malaise des situations, ses retournements de situations qui troublent les esprits. NOS esprits jusqu'à nous donner mal au cœur. Et c'est bien le but rechercher. Retranscrire le trouble d'une époque à travers un couple qui certes, appartient à la bourgeoise très occidentalisée d'un Japon à peine sortie du féodalisme, mais qui pourrait appartenir à la classe moyenne d'aujourd'hui. Cette majorité silencieuse Quel que soit le pays, qui ne cherche pas à faire de vague, regarde sans broncher des heures d'images terribles du monde entier en espérant juste que cela n'arrive pas chez eux.
Un film donc indispensable, magnifique, un peu court malheureusement. Une fresque qui aurait pu s'étaler sur un drama de plusieurs épisodes, car beaucoup de personnages secondaires auraient pu être développés et le dénouement en aurait été que plus fort. Avec tant de qualités, l'œuvre par sa courte durée n'échappe pas à quelques maladresses de mise en scène. À cette unique caisse dans la cale qui peut faire sourire, ce jeu d'échec trop évident ou cette Gestapo locale qui ne pense même pas à fouiller les personnes surveillées lors d'une visite. On aura un peu de romantisme, mais ce n'est vraiment pas le propos principal, contrairement à ce que Hanabi cherche à faire croire dans ses promotions et avec un titre aussi subtil que "les amants sacrifiés". L'amour du prochain, certes, mais pas celui que l'on croit.
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